vendredi 1 septembre 2017

RUES

Il ne me fallut pas longtemps pour constater que le silence venait d'une autre rue. Cette rue était celle des dormeurs de nuit. L'absence de bruit y régnait comme dans une boite qu'on venait de vider. Il y avait paraît-il une rue des dormeurs de jour, elle était ennuyeusement sombre. La lumière ne s'y pointait qu'en catimini. Petit catimini et robe de chambre en couverture mauve. Le mauve passé et le couverture pelucheuse à la râpe. Et la rue des indisciplinés, alternativement estampillée de rais solaires blancs et de faisceaux jaunes de lampadaires gris. Un coup l'un, un coup l'autre, empilés jusqu'à plus soif. Je m'étais trompée de rue. Je ne sais exactement si c'était parce que je n'avais pas emprunté le bon couloir de délestage juste après l'intrusion du camion de livraison ou si... La pluie aiguisée tranchait la gouttière en rondelles irrégulières dans un cisaillement cru de disqueuse. Du 33 tours entortillé en 78 qui lui collait une frénésie crispante. Ma main à couper ! J'avais les paupières roulés en nems aux crevettes, des stores à ciel ouvert. Fallait que je les déroule si je voulais finir quelque chose... au moins ma nuit. Finis ta nuit ! Disait ma grand-mère... ou ton assiette ! Mais finis quelque chose ! J'ai pris mes affaires. Des chaussettes dans des bottes en caoutchouc. Le reste a suivi. Il ne faisait pas chaud. J'avais le crâne qui me démangeait dans le sens des aiguilles. J'ai regardé l'heure rouge sur fond. Dilatée. Elle battait... surtout le point entre les lettres. 
Je suis partie. 
La rue pour la trouver, c'était juste une question à ne pas se poser. Je crois. Mais si quelqu'un l'a vue... ça m'arrangerait.

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