dimanche 25 mai 2014

MACHINE POUR JOSETTE.


- Je me permets de vous présenter notre gamme, plus que des machines à écrire, nous vous proposons des machines à…s’exprimer, s’énoncer, se raconter, se traduire, s’offrir, se livrer… 
Alors, pour les romans d’amour, je vous conseille ce modèle, chaque touche possède un amortisseur indépendant qui allège la frappe, chaque lettre va venir effleurer, caresser le papier pour ne pas le meurtrir…les mots vont glisser avec douceur, les phrases vont s’allonger sur la feuille avec langueur…
Pour les enquêtes policières, cette machine offre une frappe ferme, précise, audacieuse mais discrète, parfaitement indétectable grâce à un silencieux qui tairait les calibres les plus puissants…
Cette marque japonaise à l’encre de Chine…C’est bien ça, de Chine…va sublimer vos Haïkus, elle retourne automatiquement à la ligne en segmentant précisément les 17 mores traditionnelles en trois…
Celle-ci est ludique et amusante, elle sait écrire les lettres aux Père Noël et imaginer des contes pour enfants grâce à une petite touche amovible là, que l'on peut glisser dans sa poche…
Je peux aussi vous proposer la machine à écrire polyvalente, elle s’adapte à la poésie, à la nouvelle, au roman fleuve, à l’épopée historique, elle compose les commentaires, se charge des courriers officiels et ennuyeux, elle est agréée par les Impromptus, par Mil et Une, par BricaBook et … Elle sait se faire petite les jours d’ inspiration courte et s’adapte à toute votre créativité aussi abondante soit-elle…
Et j'ai un modèle spécial, que je n'ai jamais proposé, une machine particulière, très particulière pour écrire juste ce qu'il faut, pour écrire l'essentiel...en cachette...elle existe en noir et en rouge, elle est magnifique en rouge, c’est le modèle « Coquelicot »…souhaiteriez-vous la voir Josette ?


HÉSITATION.


Je ne sais pas, j’hésite ...vraiment j’hésite, parce qu'on ne peut que douter, s’interroger longuement, et sombrer dans une indécision quasi, je dis bien, quasi totale ... Je m’applique à choisir, je pèse le pour et le contre, je tente de définir les points forts, les points faibles, je jauge, je suppute, pourtant, j’hésite toujours ... j’hésite … Je ne sais vraiment pas sous quel angle, cette coupe est la plus … la plus ... je ne sais pas du tout ...


EXCEPTION.


- Tous les Robert que nous avons plantés ont pris, ils sont tous en bourgeon, mais très étrangement ils ne se développent pas… sauf un… ne serait-ce pas un Morice ?
-  C'est un Morice ! Mais il pousse à l'envers...


L'AMOUR.



Elle roule, roule et roule éperdument à la recherche du coup de foudre…Polette est sentimentale

HAÏKU (DANS L'EAU).


Plongeon intérieur
Recherche de soi ailleurs
Eau froide dedans


samedi 24 mai 2014

COMME QUOI...



Quand Robert et Morice se rencontrèrent, ils étaient frères, comme d’autres sont voisins de palier, clients dans la même épicerie, passionnés de pêche à la truite, le cul merdeux sur un banc d’école à deux places…Robert et Morice étaient accrochés à la même paire de mamelles…forcément ça rapproche. Ils grandirent ensemble, fait commun à de nombreux frères, sauf pour les plus indépendants qui se carapatent dès que la porte est ouverte…Mais depuis l’invention des loquets, verrous, chainettes de sécurité, bloque-porte, meubles lourds et autres gadgets pour empêcher de rentrer, il s’avéra par juste retour des choses, selon l’effet du ressort comprimé qui se détend quand on le lâche par inadvertance ou  ras-le-bol voir à bout de souffle, que l’on sortait aussi beaucoup moins…
Robert avait une tête à chapeau par grand vent, l’oreille en extrémité de chausse-pied et la sale manie de bouffer comme un saligot, la bouche ouverte en se pastissant la chemise malgré les semonces de sa mère. Morice était né les bras croisés, et personne n’avait jamais pu lui déplier. Son père avait bien essayé avec une tringle à rideau, en faisant levier, mais il n’avait réussi qu’à lui péter la montre. Robert et Morice étaient inséparables, ils se comprenaient sans s’entendre, ils s’entendaient sans se voir, et malgré leur proximité, leurs regards toujours dans la même direction, ils ne s’étaient jamais vus…Non, ils ne s’étaient jamais vus…