Le vélo à roues carrées apparut juste après la route à gondoles. Il était
à roues fixes, et possédait un pédalier mobile qui tournait dans le vide ... C’est
la route qui roulait, le vélo suivait le mouvement. Les routes gondolées attiraient
les vues basses. À l’origine elles avaient été conçues pour distraire les
regards affligés par les pays plats. Elles mouvementaient aussi les petites randonnées
pédestres, assouplissaient la cheville, fatiguaient le mollet pour enrichir les
vendeurs d’onguents et les réparateurs de godasses …Les déchirures et autres
élongations, usures et décollements de semelles sévissaient dans ces régions
aux regards distraits. Très mal utilisées et très rapidement inutilisables, les
gondoles furent séparées les unes des autres et recyclées en dos d’âne, cassis,
casse-vitesse, gendarmes couchés, bombements, courbures, ralentisseurs …
Robert, préposé au
graissage des routes à gondoles, entretien des pignons et changements de
vitesses, fût licencié pour cause de « on cherche encore parce qu’on sait
toujours pas pourquoi », remplacé par Morice qui fût viré peu après, pour un
motif plus courant « son boulot n’existe plus !»… Ce vélo à roues
fixes, qu’ils pratiquaient avec persévérance et surtout « on n’a pas le
choix, faut bien aller bosser avec le vélo de fonction, c’est dans le contrat
sinon on va se faire faire virer » … Comme quoi ! … leur avait collé les genoux
en quinconce et le morale à zéro … Rouler sans rouler toute la journée, fallait
avoir envie ... Quant aux vélos, leurs roues furent entassées dans des
paquets de petits LU et vendues comme des biscuits secs …
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