mardi 12 mai 2015

QUAND ROBERT ÉTAIT BURETTEUR.


L’agilité des buretteurs de courses cyclistes, à la volée et en montée aussi, n’est plus à prouver, et leur renom dépasse l’imagination, et fonce même tout droit dans des lieux insoupçonnables… Robert fit partie de ceux-là... 
Il s’était fait la sangle abdominale à l’acharnement… le buste et les guiboles dans le vide reliés par l’elastique à poignées, le derrière ficelé à un tabouret de traite, et vas-y que je me tâte les arpions en visant le plafonnier, et vas-y que je recommence, et vas-y que je me déplie en tirant sur le caoutchouc, et vas-y donc… pour muscler à l’aller et au retour… pour muscler tout le pourtour… Et la panse ferme comme un dessus de table, il se calait sur le rebord de la portière et c’était parti pour un tour de France… 
Robert il était tout pour sa burette, enfin sa burette était tout pour lui… Elle lui avait été léguée par son père, buretteur comme son père l'était, de génération en génération depuis que la burette et les trucs à buretter existaient… 
Mais la carrière prometteuse de Robert s’arrêta net dans une baraque à beignets de Juan-les-pins, un jour de juillet 1961, étape mémorable du tour de France… Un bikini traversa la rue en oscillant du bikini… et tout le peloton, sans exception, suivit le bikini en oscillant du guidon, Robert aussi, relié à une bicyclette par la burette, la tête dans les rayons…
C'est ainsi et sans la moindre préméditation, emballé dans un hasard que l'on pourrait qualifier d'heureux, que Robert et sa burette terminèrent dans le bikini… 

1 commentaire:

  1. Son petit itsi bitsi tini ouini, tout petit, petit, bikini
    Qu'elle mettait pour la première fois
    Un itsi bitsi tini ouini, tout petit, petit, bikini
    Un bikini rouge et jaune à p'tits pois
    Un deux trois voilà ce qu'il arriva ................

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